MSBWU raconte la petite histoire du rap français pour les kids. Ce podcast en 4 épisodes accompagne notre livre illustré Rap Coloriage qui vient de ressortir dans une toute nouvelle version. Dans ce podcast, nous allons retracer ensemble toutes les péripéties et les aventures du rap en France de 1984 à nos jours.
Le petit auditeur peut colorier chaque rappeur et chaque accessoire dont on parle pendant l’écoute. Une histoire passionnante de 3 à 103 ans dont voici le premier épisode : Les débuts du Hip Hop et les pionniers du rap en français. C’est parti !
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Tout commence dans les années 1970 quand une nouvelle musique retentit dans les rues et les parcs de New York aux États-Unis. Tout est nouveau : Fini les instruments, les guitares ou les pianos, ce sont maintenant les DJs qui utilisent directement les disques sur leurs platines pour créer des rythmiques à l’infini. Les danseurs s’en donnent à coeur joie en créant des nouvelles figures acrobatiques sur des cartons au sol et les graffeurs utilisent des bombes de peinture pour décorer les murs tout autour. Et par-dessus tout ça, le MC pour maître de la cérémonie, vient poser sa voix en rythme pour animer le public présent et faire la publicité de son DJ. C’est le Hip Hop.
Quand il arrive en 1984 en France, le Hip Hop se répand surtout grâce à la danse, on appelle ça le Smurf. Tout le monde en fait, ça passe même à la télévision sur la chaîne la plus regardée TF1 grâce à un présentateur plein d’énergie qui s’appelle Sidney. Quelques années après, les terrains vagues de Paris sont comme les parcs de New York, il y a des DJs, des danseurs, des graffeurs et des MCs qui vont devenir des rappeurs. Et certains font tout en même temps.
Ça crée des grands groupes qu’on appelle crew ou posse. Parmi les plus connus à l’époque, on retrouve les 93NTM ou Assassin qui graffent leur noms sur les murs et les métros tout en dansant de manière compétitive et en écrivant parmi les premiers textes de rap en français. Dans ce grand mouvement, ils croisent Dj Dee Nasty, un des premiers DJs français qui scratche aux platines et mixe pour les danseurs. Dans ses prestations, il est accompagé parfois des Nec + Ultra, des New Generation MC ou de Destroy Man & Jhonny Go qui performent au micro dans les fameux terrains vagues, les clubs cachés et les entrepôts abandonnés.
C’est ensuite à la radio que le Hip Hop se fait entendre et qu’il devient peu à peu du rap, des paroles dictées en rythme sur des boucles de batteries pour en faire des morceaux de musique originaux. Et c’est surtout le DJ Dee Nasty (encore lui) qui va donner la parole à toute cette première génération de rappeurs français dans son émission de radio appelée le Dee Nastyle.
L’émission est présentée par Lionel D qui anime la discussion tout en rappant, c’est le premier vrai rappeur français, le pionnier qui va donner la parole à toute une nouvelle génération. A l’époque, tous les fans de rap enregistrent cette émission, le Deenasyle, sur des cassettes avec une bande magnétique. Ainsi ils peuvent écouter et réécouter les improvisations live des rappeurs qui sont en train de construire leur style qu’on appelle le flow ainsi que leurs premiers morceaux. A l’époque, c’est la seule façon d’écouter du rap français, soit en concert dans des lieux confidentiels, soit dans l’émission radio de Dee Nasty et Lionel D. D’autres émissions se développent alors et de nombreux rappeurs s’y rendent pour faire parler d’eux.
Parmi ceux-là, il y a un jeune rappeur un peu différent nommé MC Solaar. Avec son groupe, le 501 Posse, Solaar a une énergie plus cool,il est plus détendu, inspiré par les mélanges du rap et du jazz. MC Solaar a une musique différente, avec beaucoup d’images poétiques et un flow posé, il est très vite remarqué avec son premier morceau “Bouge de Là”. MC Solaar, c’est le rappeur cool et versatile.
Mais dans l’univers des terrains vagues, des métros taggués et des battles de danse, un autre nom fait énormément parler de lui, c’est le crew 93NTM, originaire du département de Seine Saint Denis. Derrière ce grand groupe alliant graffeurs, danseurs, DJ et rappeurs, deux têtes commencent à sortir du lot : Kool Shen et Joey Starr. Passionnés de danse, de graffiti et de sport, les deux amis vont plonger dans le Hip Hop et faire des concerts dans toute la région parisienne avec les premiers textes en français.
Ils sont fidèles aux origines du Hip Hop et se revendiquent comme authentiques. Joey Starr a un flow plus lent et puissant, très appuyé par sa voix rocailleuse. Kool Shen a des textes plus mélancoliques avec des images réalistes et fortes. C’est surtout en concert que les deux rappeurs vont se faire connaître avec leur énorme énergie et leur jeu de scène. Ils sont très entraînés, ils peuvent tenir des heures ! Joey Starr et Kool Shen, ce sont les rappeurs authentiques et endurants.
A côté des 93NTM, il y a un autre grand groupe, un crew, qui a grandi avec le graffiti et la danse, c’est ASSASSIN. Au début de l’aventure, NTM et Assassin étaient très amis et faisaient beaucoup de choses ensemble. Dans ASSASSIN, on retrouve surtout deux membres, le fédérateur SOLO, grand danseur et DJ et le très engagé ROCKIN SQUAT, impliqué dans le tag.
Le groupe Assassin est inspiré des artistes américains revendicatifs comme Public Enemy ou KRS One. Ils souhaitent que le rap délivre un message politique et social. Leur musique et leur image sont très combatives, supportant tous les mouvements de libération avec un style très virulent. Solo et Rockin Squat, ce sont les rappeurs engagés et combatifs.
A la fin des années 1980, une cassette circule dans les rues de Paris, c’est la première mixtape de rap français et elle ne vient pas de Paris mais de Marseille. C’est un comble ! Le groupe qui a créé cette mixtape s’appelle IAM et on entend deux rappeurs déjà très forts techniquement qui racontent des histoires d’Egypte antique et de Japon médiéval. Ils sont mystiques et techniques. C’est Akhenaton et Shurik'n.
Akhenaton a déjà beaucoup voyagé à New York où il a enregistré plusieurs morceaux, il est en avance techniquement, proche de rappeurs très en vue dans les rues de New York comme Kool G Rap ou Rakim. Shurik’n a une voix très grave et passionné de films de samouraï et d’arts martiaux. Sur cette première cassette Concept, Akhenaton et Shurik’n revendiquent leur appartenance à la ville de Marseille et la région méditerranéenne. Ils apportent un nouveau souffle au rap en français, très présent autour de Paris dans les années 1980. Les membres de NTM sont impressionnés par l’avance de IAM. Akhenaton et Shurik’n, ce sont les rappeurs mystiques et techniques.
Un peu à la marge de ces grand crews, une autre formation de rap voit le jour à Garges-Sarcelles, la banlieue nord un peu plus éloignée de Paris. Influencé par le Gangsta Rap du groupe NWA venu de Los Angeles, c’est le Ministère AMER. Les deux leaders du crew sont Passi et Stomy Bugsy, ils racontent des histoires de gangsters à la française mélangées à leur vécu de banlieusard. Leurs paroles sont radicales et impertinentes. Ils veulent secouer les règles de la société française avec de l’humour virulent et des propos tranchés. C’est ce qu’on appelle le rap hardcore. Passi et Stomy Bugsy ne sont qu’au début de leurs aventures qui vont les emmener au sommet du rap français. Ce sont les rappeurs rugueux et provocateurs.
Peu de temps après sort la première compilation de rap français : Rapattitude. Et on retrouve dessus tous les héros dont on a parlé comme Dee Nasty, NTM, Assassin, New Generation MC mais aussi Daddy Yod ou Tonton David qui font du raggamuffin inspiré de la musique de la Jamaïque, des Caraïbes et des Antilles. C’est un énorme succès. Et là, ça va très vite. Le rappeur cool MC Solaar sort son premier disque, “Qui sème le vent récolte le tempo”, et c’est un raz de marée. Puis les engagés Assassin préparent le premier concert de rap français à l’Olympia et les authentiques NTM diffusent des clips réalisés par les plus grands noms de la mode.
Au même moment, les rugueux Ministère A.M.E.R. sortent un premier disque en indépendant et les mystiques IAM enchaînent avec De La Planète Mars. Ça y est, le rap français est né. Mais ça, on en parlera plus longuement au prochain épisode. N’hésite pas à bien colorier cette première partie de Lionel D à Passi. Et si tu n’as pas encore ton cahier Rap Coloriage, demande à tes parents de le trouver sur notre site Musicsoundsbetterwithus.com A bientôt les petits potes !
La petite histoire du rap français est un podcast produit par Music Sounds Better With Us
Il est écrit et raconté par Aurélien Chapuis alias Le Captain Nemo