Salut c’est Nemo et vous êtes bien sur Music Sounds Better With Us, la plateforme qui vous raconte les petites et les grandes histoires de la musique. Cet épisode est le troisième d’une série consacrée au groupe N.E.R.D mais aussi à leur label Star Trak, au duo de producteurs The Neptunes ainsi que le plus connu d’entre eux, Pharrell Williams.
Et pour cet épisode, je vais vous raconter comment j’ai grandi dans la culture geek, nerd et comment Pharrell Williams et son groupe, son label ont rendu toute cette culture cool à une époque où tout le monde trouvait ça ringard et nul.
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Comme d’habitude, vous retrouverez sur notre boutique en ligne tous les vêtements, accessoires, figurines et pièces de collection associés, ici sur N.E.R.D. et leur label Star Trak. Maintenant, parlons de la fausse guerre entre Star Trek et Star Wars, des multiples refs de geek de Pharrell Williams, de l’infini, de Galaxy Quest, de l’utopie et de la revanche des nerds sur Music Sounds Better With Us, c’est parti.
Entre cool et geek
J’ai grandi dans les années 1980 et 1990 avec deux facettes : une plutôt “cool” disons avec la musique que j’écoutais, le style que j’adoptais, le skate, les sports américains et une plutôt “geek” : j’adorais les jeux de rôles, les livres dont vous êtes les héros, la fantasy et la science fiction. J’ai grandi aussi fan du Flic de Beverly Hills 2 et du Prince de Bel Air que de Star Wars et Tron. J’ai lu le Seigneur des Anneaux au collège, plus de dix ans avant les films de Peter Jackson, quand personne n’en avait rien à foutre. Pareil pour le cycle de Dune ou les nouvelles de HP Lovecraft, Isaac Asimov ou Philip K Dick.
Je kiffais les nouvelles technologies cheloues, j’étais premier à faire des recherches sur le Minitel, premier à chopper des annuaires sur Internet ou plus tard premier sur les iPhones quand y’avait même pas de 3G. Je mélangeais facilement les délires cools et les délires de full nerds, entre carte Magic et blouson Starter, tout me paraissait avoir un sens. Et personne n’était vraiment dans mon délire.
Je kiffais pas mal de trucs de geekoss mais il y avait un univers très large dans lequel je ne rentrais pas trop, c’était Star Trek. Je me souviens de voir des rediffs sur la 5 l’après-midi à la fin des années 1980 et tout me paraissait hyper cheap. Je comparais malgré moi avec Star Wars et bon, l’espace avait moins de classe, tout faisait un peu carton pâte mais il y avait un personnage qui allait quand même devenir une icône dans ma tête, c’est le fameux Spock. Son flegme bizarre, sa distance scientifique mais passionnée m’a toujours un peu intrigué même quand j’étais petit et que je n’y comprenais rien.
"Space, the final frontier."
Remontons dans le contexte : Star Trek est une série télé créé en 1966 par Gene Rodenberry. L’action se situe au XXIIIe siècle et raconte les aventures de l'équipage du vaisseau spatial USS Enterprise de la Fédération des planètes unies (l’ONU du 23eme siècle quoi) avec son commandant, le capitaine James Tiberus Kirk. La mission de l'Entreprise, d'une durée de cinq ans, est d'explorer la galaxie afin d'y découvrir d'autres formes de vie et de civilisations, pour ainsi enrichir les connaissances humaines. Et là où Georges Lucas a créé Star Wars autour de la littérature Sci-Fi de Dune à John Carter, eh bien Gene Rodenberry a créé Star Trek en s’inspirant des séries TV de Western. Il y a bien sûr de la SF dedans, une recherche de l’inconnu mais finalement ça se rapproche plus des grands espaces du Far West que du Space Opera développé par Luke Skywalker et ses petits potes.
A chaque épisode, l’équipage de l’Enterprise, commandé par le Capitaine Kirk avec Spock à ses côtés, débarque sur une planète inconnue, fait face à un problème à régler, souvent fait de conflit ou de mystère et à la fin de l’épisode, ils se cassent. Exactement comme toutes les séries télé de Western dans les années 50 et 60 où un cowboy pistolero débarque dans une petite ville inconnue, fait face à un problème et bim, il le règle et il se casse. C’est le même concept de série télé jusqu’à Kung Fu et l’Agence Tout Risque. Donc pas du tout dans le délire de Star Wars. Mais quand je me suis un peu plus penché sur les histoires et les paraboles qu’elles contiennent, j’ai compris pourquoi Star Trek avait développé une vraie communauté de fans.
Car dans son propos et sa gestion de crises, Star Trek est un vrai objet multiculturel avec une énorme ouverture humaniste, parlant souvent des sujets actuels de la société à travers des concepts extraterrestres. On y voit des liens avec le mouvement des droits civiques, avec les mouvements hippie pour la paix dans le monde, L’Entreprise agit dans une vraie utopie du respect de chacun et tout est compliqué mais tout se règle avec empathie. Il y a beaucoup de questions sur le progrès, la science, la morale. Et il y a surtout un énorme pas franchi en termes de représentation vu qu’il y a toutes les communautés et les genres représentés dans l’équipe de l’Enterprise, une vraie première pour l’époque.
Avec cette nouvelle grille de lecture, entre Western dans l’espace et humanisme débordant, je commence à apprécier l’univers de Star Trek, notamment via les films comme le très bon deuxième de la série en 1982, La Colère de Khan, au scénario tortueux avec des voyages dans le temps, des disparitions et les premiers effets spéciaux numériques.
Toujours moins impressionnants qu’un Star Wars, ce film me rabiboche avec la franchise Star Trek, je commence à y voir la profondeur plus adulte qu’on ne trouve pas forcément dans la tragédie manichéenne de Georges Lucas. Et puis il y a Spock, le personnage qui prend de plus en plus de place, tout en devenant absent. Je ne spoile pas mais vraiment ces années 1980 sont un tournant pour les Trekkies du monde entier.
Les Trekkies, de weirdos à Galaxy Quest
Mais qu’est-ce que c’est que les Trekkies me direz-vous ? Eh bien, c’est comme ça qu’on appelle la communauté extra large de fans de l’univers de Star Trek. Et c’est un peu sur cette communauté de geeks qu’a commencé à se créer l’ambiance des conventions, des cosplays, du nerdisme absolu. Les Trekkies étaient vraiment les geeks ultimes, déguisés en Klingons, en Vulcains ou en Romuliens, des extraterrestres réguliers de l’univers Star Trek.
Et d’ailleurs ce délire de Trekkies et de convention va être à l’origine d’un de mes vrais coup de coeur ciné qui va me rendre l’univers de Star Trek encore plus kiffant, c’est Galaxy Quest. La première fois que j’ai vu la pochette de ce dvd, j’ai rien compris. Y’avait Tim Allen alias Papa Bricole en mode BG crise de la quarantaine, Sigourney Weaver alias Ripley d’Alien en mode sexy, Alan Rickman alias Rogue en mode Klingon du nimp et même Tony Shalhoub alias Monk en combi violette comme tous les autres. Derrière le DVD je vois qu’il y a carrément Sam Rockwell qui est tranquillement devenu un de mes second rôles prefs, je suis totalement conquis.
Le pitch est simple : Galaxy Quest est une série télévisée de science-fiction mythique qui s'est arrêtée vingt ans auparavant. Mais les acteurs n'ont pu se détacher de leur rôle et multiplient les petits boulots de représentations en conventions et inaugurations de supermarchés pour gagner leur vie. Pendant une convention justement une bande de gars chelous que Papa Bricole prend pour des fans lui demande de sauver leur planète. Il s’agit en fait des Thermiens, de la nébuleuse Klathu, des VRAIS extraterrestres qui ont capté la série Galaxy Quest dans l’espace et pensent que c’est des documents d'archives retraçant l'histoire de la Terre, la réalité quoi. Ils demandent alors aux acteurs de Galaxy Quest de leur venir en aide contre un chef de guerre méga flippant. Et franchement, il y a tout dans ce film qui fait clairement référence à l’univers de Star Trek. C’est de la semi parodie transformé en réalité, c’est l’utopie que Star Trek est en fait réel, que la science fiction existe dans la vraie vie et que les Trekkies ont raison.
Il y a même un personnage totalement geek joué par un jeune Justin Long qui se fait complètement rabroué au début du film pour finalement sauver l’équipage et la planète grâce à sa passion et sa dévotion pour la série. Galaxy Quest est une véritable histoire d’amour envers Star Trek et tous ces geeks sous couvert d’une parodie jouant avec les codes parfois absurdes de la série de Science Fiction. Alan Rickman joue une sorte de Leonard Nimoy, agacé par son rôle comme Leonard l’était parfois de Spock mais devenant une icône malgré lui. Tout est très bien pensé, une vraie déclaration d’amour à la culture Trekkies, à ranger à côté du Spaceballs de Mel Brooks qui moquait amoureusement Star Wars et les space opera.
Pharrell, le plus grand des Trekkies
Donc ok les Trekkies, Spock et Galaxy Quest mais alors et Pharrell Williams dans tout ça ? Pourquoi je vous fais ce tunnel de geekoss alors qu’on est censé parler du label de N.E.R.D., Star Trak ? Bon bah voilà, je pense qu'il y a un indice dans ces deux mots, vous avez compris. NERD, Star Trak. Pharrell, c’est un Trekkie en fait. Et son modèle, c’est Spock. Quand il était petit, il a été totalement happé par l’univers progressiste de Star Trek, son objet multiculturel entre science de geek et diplomatie de western moderne.
Tout ce qu’il va créer avec son gars Chad Hugo au début des années 2000 a au moins une référence à l’univers de Star Trek et surtout à Spock et son interprète Leonard Nimoy. Quand il crée son label à la même époque que sort Galaxy Quest, Pharrell l’appelle Star Trak, voilà c’est évident, même le logo est un détournement du blason de l’Enterprise. Quand il monte un groupe, ils l’appellent N.E.R.D. comme pour donner une revanche aux Nerds mal aimés des années 80 et 90 très bien racontés dans le film Revenge of The Nerds de Jeff Kanew en 1984 (d’ailleurs un incroyable nom en français : Les Tronches). Cette révision du geek binoclar mal dans sa peau a déjà été un peu travaillé dans la pop culture des années 1980 avec des films comme Real Genius où le beau gosse Val Kilmer joue un intello glam.
Mais globalement, ce sont des rôles à contre emploi, là on parle de Pharrell Williams le BG, le mec qui avec Chad Hugo produit plus de la moitié des tubes pop et rap de l’année, qui devient une influence de la mode, qui donne le la de la pop culture mondiale. Et il appelle son label en ref à la série la plus geek du monde. C’est un vrai choc qui me donne encore envie de revoir la série sous un autre angle. Car ce n’est pas la seule ref que livre Pharrell. Comment s'appelle le premier album de N.E.R.D déjà ? In Search Of. Eh bien c’est une ref à une émission TV animée par Leonard Nimoy au début des années 1980 qui aborde des sujets de mystères comme la magie, la vie extraterrestre, le monstre du Loch Ness, les meurtres non élucidés et le paranormal dans son ensemble. Pharrell était un énorme fan de l’émission, présenté par Spock lui-même. Encore une ref à Spock !
La beauté du geste
Autre explosion dans ma tête, le signe que Pharrell fait partout au début des années 2000 au lancement du label Star Trak, vous savez ce V de la main avec le majeur et l’index d’un côté, et l’annuaire et le petit doigt de l’autre ? Eh bien c’est comme ça que se saluent les Vulcains, le peuple incroyable de Spock, encore lui.
En 2013, Pharrell interview Leonard Nimoy quelques mois avant sa mort. La discussion amène de nombreux moments fous sur les influences, la création et le geste. J’y ai appris beaucoup de choses, notamment l’origine du signe des Vulcains donc repris par Pharrell pour Star Trak mais aussi par Damso pour son fameux signe Vie. Et bien, ce signe Vulcain était une idée de Leonard Nimoy, cherchant un geste fort pour la première rencontre avec son peuple dans un épisode spécial de Star Trek. C’est donc lui qui sur le plateau propose ce geste de reconnaissance, comme une poignée de main, un salut, un check Vulcain.
Ce geste lui est venu tout seul et il s’est rendu compte qu’il l’avait déjà vu quand il était petit au sein de la synagogue où il allait avec son grand-père. Ce geste évoque en fait la lettre hébraïque “Shin” et représente le terme "Shaddaï", qui signifie "tout puissant" (donc: Dieu). Ce geste était peu utilisé à l’époque mais est maintenant assez commun dans beaucoup de cérémonies. Mais quand on y réfléchit, c’est assez fou de voir que Leonard Nimoy est marqué par ce geste quand il est petit, l’utilise alors dans un rôle de science fiction qui n’a rien à voir et qui marquera les gens au point que le jeune Pharrell Williams le note quand il a 9 ou 10 ans et le réutilise pour identifier son label et sa musique presque 40 ans après la série. C’est une mise en abîme que je trouve incroyable.
Pharrell est si passionné par Spock et Star Trek qu’il en a mis dans tout son univers. Et par ce biais, il libère les geeks et les nerds en les rendant cools, ils unifient toute la jeunesse, les skateurs, les rappeurs, les rockeurs et maintenant les geeks, tout est multiculturel et cool. En ouvrant son public branché à l’univers hyper référencé de Star Trek, Pharrell Williams réussit un coup de génie qui va aussi être continué dans les années 2000 par des artistes comme Kanye West, Kid Cudi ou Lil Wayne qui vont faire le lien entre toutes ces pop cultures éparpillées.
Ça y est, c’est devenu cool d’être un geek, je peux enfin embrasser tranquillement ma passion pour Doc Brown et Marty McFly, le Cyberpunk, les sabres laser, les dés à 20 faces et les figurines War Hammer. Quelque part, Pharrell et Star Trak ont rendu cool cette partie de moi, cette facette dont je ne savais que faire parfois. J’avais l’impression d’avoir des points communs avec la plus grosse star du rap et de la pop du moment et ça m’a rendu tout son univers musical encore plus proche, plus vivant. Pharrell était un geek du rap comme moi.
Et cette histoire multiple vous la retrouvez sur notre boutique Music Sounds Better With US avec la collection Pleasures x N.E.R.D mais aussi de nombreux maxis vinyls du label Star Trak avec le magnifique logo dessus ou le DVD du film Galaxy Quest ou encore la magnifique musique de Star Trek signée Jerry Goldsmith en vinyle. Car c’est aussi ça l’histoire de Music Sounds Better With Us, la passion à travers les multiples références, les objets, les disques, les souvenirs, à très bientôt pour un nouvel épisode.